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18 avril 2014 5 18 /04 /avril /2014 18:12

 article de Thierry Meyssan  (17 avril 2014)

L'hebdomadaire polonais de gauche, "Nie"  (Non), a publié un témoignage choc sur la formation des militants les plus violents d'EuroMaidan.

Selon cette source, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a invité , en septembre 2013, 86 membres du Secteur de droite (Pravy Sector), prétendument dans le cadre d'un programme de coopération inter-universitaire. En réalité, les invités n'étaient pas des étudiants, et beaucoup étaient âgés de plus de 40 ans. ils ne se sont pas rendus à l'université technique de Varsovie, contrairement à leur programme officiel, mais au centre de formation de la policie de Legionowo, à une heure de route de la capitale. Sur place, ils ont reçu quatre semaines de formation intensive à la gestion des foules, à la reconnaissance des personnes, aux tactiques de combat, au commandement, au comportement en situation de crise, à la protection aux gaz de maintien de l'ordre, à la construction de barricades, et surtout au tir, incluant l'usage des fusils de snipers.

Cette formation est intervenue en septembre 2013, alors que les protestations de la place Maidan sont sensées répondre à un décret suspendant les négociations en vue de la signature de l'accord d'association avec l' Union européenne, signé par le Premier Ministre Mykola Azarov le 21 novembre.

L'hebdomadaire "Nie"  précise que des photographies attestent de cette formation. On y voit les ukrainiens en uniformes nazis avec leurs professeurs polonais en civils.

Ces révélations justifient un nouveau regard sur la résolution adoptée début décembre 2013 par la Diète polonaise, selon laquelle le Parlement affirmait son "entière solidarité avec les citoyens ukrainiens qui, avec une grande détermination montrent au monde leur volonté de garantir la pleine appartenance de leur pays à l' Union européenne". Bien entendu, les parlementaires ignoraient alors que leur pays avait formé au préalable les individus qui tentaient - et réussirent - de prendre le pouvoir.

Ce scandale illustre le rôle assigné par l' OTAN à la Pologne en Ukraine que l'on peut comparer à celui assigné à la Turquie en Syrie. IL a été tenu par le gouvernement du libéral pro-européen Donald Tusk. Le ministre des affaires étrangères, le journaliste Radoslaw Sikorski, jadis réfugié politique au Royaume-Uni, a été le maître d'oeuvre de l'intégration de la Pologne dans l'OTAN. En sa qualité de membre du " Triangle de Weimar" il fut l'un des trois repésentants de l' Union européenne à négocier l'accord du 21 février 2014 entre le président Victor Ianoukovytsh et les trois principaux leaders d' EuroMaidan. Bien entendu, le président ukrainien ignorait qu'il avait formé les émeutiers.

Quant au ministre de l'Intérieur et coordinateur des services spéciaux, Bartlomiej Sienkiewicz, il fut l'un des fondateurs de l'actuel service secret polonais, le Bureau de protection de l' Etat ( Urzad Ochrony Panstwa). Il fut aussi longuement le directeur adjoint du Centre d'études orientales, un centre de recherche national sur l' Europe de l' Est et les Balkans, particulièrment sur l' Ukraine et la Turquie. Cet institut exerce une profonde influence sur la perception occidentale des événements actuels, via ses accords avec la Fondation Carnegie.

Durant le gouvernement de Toulia Tymochenko ( 2007-2010), l'actuel président provisoire ukrainien, Oleksandr Tourtchynov, était le chef des services secrets puis vice-Premier ministre. Il travaillait à l'époque avec les polonais Donald Tusk (déjà premier ministre), Radoslaw Sikorski ( alors ministre de la Défense) et Bartomiej Sienkiewicz (directeur de la société de renseignement privée ASB OTHAGO).

Pour renverser le gouvernement de son voisin, la Pologne s'est appuyée sur des militants nazis à la manière dont la Turquie s'appuie sur Al-Qaïda pour renverser le gouvernement Syrien. Non seulement il n'est pas étonnant de voir les actuelles autorités polonaises s'appuyer sur les petits-enfants des nazis que la CIA intégra au réseau Gladio de l' OTAN pour lutter contre l' Union soviétique, mais on se souvient de la polémique qui éclata lors de l'élection présidentielle polonaise de 2005 : le journaliste et député Jacek Kurki révéla que Jozef Tusk, le grand-père de Donald Tusk s'était engagé volontairement dans la Wermacht. Après avoir nié les faits, le Premier ministre finit par admettre que son grand-père avait effectivement servi dans les armées nazies, mais affirma qu'il avait été enrôlé de force après l'annexion de Dantzig. ( Voilà la manière dont Washington sélectionne ses agents en Europe de l'Est).

En résumé, la Pologne a formé des émeutiers pour renverser le président démocratiquement élu d'Ukraine et a feint de négocier avec lui une solution d'apaisement, le 21 février 2014, alors que ses émeutiers étaient en train de prendre le pouvoir.

Par ailleurs, il ne fait aucun doute que le coup d' Etat fut commandité par les Etas-Unis, comme l'atteste la conversation téléphonique entre l'assistante du secrétaire d' Etat, Victoria Nuland, et l'ambassadeur Geoffrey R.Pyatt. De même, il est clair que des d'autres membres de l' OTAN, notamment la Lituanie et Israel en sa qualité de membre de fait de l' état-major atlantique, ont participé au coup d' Etat. Ce dispositif laisse à penser que l' OTAN dispose aujourd'hui d'un nouveau réseau "Gladio" en Europe orientale. En outre, postérieurement au coup d' Etat, des mercenaires états-uniens d'une filiale de la société Academi ont été déployés dans le pays en lien avec la CIA.

Ces faits modifient profondément la perception que nous pouvions avoir du coup d'Etat du 22 février 2014. ils contredisent l'argumentaire diffusé aux journalistes par le département d'Etat états-unien et constituent un "acte de guerre" en droit international.

Dès lors, le raisonnement des Occidentaux sur la suite des événements, y compris l'adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie et les soulèvements actuels à l' Est et au Sud de l' Ukraine, sont nuls et non avenus.

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