lu sur Mondialisation.ca, article de Danielle Bleitrach
Est-ce le soutien à une intervention en Iran?
Sarkozy supprime des effectifs pour financer l'achat d'équipements, et pour mieux aller vers une défense européenne intégrée à l'OTAN. il a présenté le mardin 17 juin devant quelques 3 000
personnels des armées, des forces de sécurité intérieure et de la sécurité civile le nouveau livre blanc définissant les orientations de la Défense pour les 15 années à venir. De la part du
Président le plus atlantiste et le plus-pro-israelien que la France ait connu que peut-on attendre?
Le discours que Nicolas Sarkozy a tenu conforte les pires craintes quand à l'appui qu'il pourrait être conduit à apporter aux israeliens et aux étatsuniens dans l'attaque contre l'Iran.
On attendait donc du livre blanc une réduction drastique des crédits militaires pour cause de restriction budgétaire. Il n'en sera rien, certes les effectifs seront réduits, la
suppression de 54 000 postes est envisagée, mais l'équipement sera largement financé. Ce qui ne va pas manquer de réjouir ses amis de l'industrie de l'armement qui sont par une étrange
spécificité française propriétaires des médias, Dassault et Lagardère.
Pour comprendre la logique de ce livre blanc, il faut non seulement mesurer le pactole qui va tomber dans les caisses de l'industrie de l'armement, mais également comprendre comment
l'armée frnçaise va être intégrée à une défense européenne, elle-même totalement intégrée à l'OTAN, donc aux Etats-Unis.
Du temps du Général de Gaulle la France avait fait le choix de la dissuasion nucléaire face à l'URSS. Il ne s'agissait pas de gagner une guerre mais de l'empêcher, c'est pourquoi la
nation devait rester maître de ce choix fondamental. La France marquait alors son indépendance de commandement vis-à-vis des Etats-Unis.
Le retrait du commandement de l'OTAN, n'a été remis en cause par aucun des successeurs du général De gaulle, jusqu'à Nicolas Sarkozy.
Le privilège accordé à la dissuasion nucléaire dans les dépenses budgétaires s'est exercé à partir du choix gaullien. aux dépends de l'armée de terre. De fait une bonne part du budget
militaire est passé sous l'autorité du président de la République et relève du secret de la défense. Une industrie nationale de défense se développe avec des barons, en particulier Dassault et
Lagardère.
Ce n'est un secret pour personne que tout ce beau monde vit assez mal la position française de refus de l'engagement aux côtés des Etats-Unis dans l'invasion de l'Irak. Il serait donc
interessant de voir quelles sont les forces en France mais aussi aux Etats-Unis qui se sont donné les moyens d'avoir Sarkozy à la tête de la France.
Selon le livre blanc présenté en juin 2008,les crédits d'équipement augmenteront pour passer de 15;5 milliards d'euros par an en moyenne à 18 milliards d'euros d'ici 2020. On ne peut
pas accuser Sarkozy de rompre avec son prédécesseur, Jacques Chirac avait montré, dans l'indifférence générale, comment on était passé du nucléaire dissuasif et défensif qui était celui du
Général De Gaulle, à un nucléaire offensif avec les rafales équipés de têtes nucléaires et porte-avion, sans parler des sous-marins.
La logique de cette armée de métier que dessine le livre blanc est une armée qui est dirigée vers l'extérieur et dont tous les moyens sont prévus pour aller prendre place dans les
coalitions de l'OTAN et des Etats-Unis.
Pourtant, nous garantit Nicolas Sarkozy, le budget des armées, lui, n'augmentera guère sur la période 2009/2011, il sera maintenu au niveau de l'inflation, puis progressera de 1 % chaque année en
plus de l'inflation à partir de 2012. Résultat l'effort représentera 2%du PIB en 2020, contre 2,3% aujourd'hui. Car l'effort d'équipement sera financé par une réduction d'effectif. Sont
visés les services de soutien au profit des unités opérationnelles.
Même si dans son discours de Cherbourg de novembre dernier le chef de l'Etat a insisté sur le caractère défensif, tout va dans le sens contraire...!
Cette avancée et surtout destinée à imposer une situation irréversible d'intégration européenne et de retour dans le commandement de l'OTAN, une logique d'expédition, pour défendre non
pas le pays, mais "les intérêts" français dans le monde, c'est-à-dire des intérêts de plus en plus intégrés aux multinationales financiarisées.
" Nous savons que nous pouvons financer ce programme, ce sont des objectifs qui sont tenables et seront tenus" dit-on dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. Nul doute...au prix de notre santé et de
l'éducation de nos enfants.
On mesure bien que la capital sous sa forme impérialiste, celui de la concurrence entre multinationales dans le pillage des ressources de la planète a plus que jamais besoin de l'Etat. Il a
besoin de l'Etat pour imposer aux peuples des politiques qui les spolient, pour ses budgets militaires pour éponger les pertes des jeux financiers.
Il a besoin d'un forme supra-étatique sur laquelle le citoyen n'a plus prise. L'évolution de l'armée française va dans ce sens, celui de l'agressivité impérialiste sous commandement des
Etats-Unis.
Les scénarios d'intervention qu'on reçus les journalistes laissent rêveur: ainsi il y a celui où un pays (qui ne peut être que l'Iran ou la Russie) serait susceptible de "vouloir tester
la solidarité au sein de l'OTAN", ou encore, engagement de la France dans un conflit régional majeur, ce dernier point fait évidemment penser à l'éventualité d'une guerre multinationale contre
l'Iran.
Un point passé peut-être inaperçu et qui semble mériter une attention toute particulière.
Le chef de l'Etat a insisté sur la "nécessité de recentrer" notre présence militaire à l'étranger "sur nos zones d'intérêt stratégique" et à ce propos il a mentionné
les accords qu'il a passés avec les Emirats Arabes Unis et donc l'ouverture de la base française à Abou Dhabi, située de l'autre en face des côtes iraniennes.
quelles minutes plus tard, il a parlé de la République islamique en disant "la crise iranienne était la première menace qui pèse sur le monde"
En fait, l'Iran est le seul pays étranger -en dehors de l'allié américain- que le chef de l'Etat a mentionné au cours de son discours sur la Défense- le seul !
S'agit-il d'un simple gesticulation?
Ou est-ce déjà une préparation psychologique de l'opinion française à d'éventuelle frappes américaines et/ou israeliennes que la France soutiendrait en se chargeant, par exemple, de contrôler une
partie du Golfe persique à partir notamment de sa base d'Abou Dhabi ?
Il est peu probable que ces projets bellicistes rencontrent une véritable opposition, les socialistes vont se tairent dans la mesure où ils sont atlantistes, alors qu'il faudrait une autre
conception de la DEFENSE NATIONALE.
