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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 18:31

Par André Serra.

Dans la conjoncture du Moyen-Orient, un moment décisif vient d'être atteint avec la décision d'Obama d'y propulser 40 000 soldats de plus, dont 10 000 à attendre de la part de ses alliés à plat ventre de l'OTAN.

L'interprétation de cette décision oblige d'abord à revenir sur la question irakienne.

La décision d'Obama semble mettre de côté cette question, comme si elle était définitivement réglée et classée, ce qui est fort loin d'être le cas.
En effet; si la paix semble être revenue dans le pays, (peu d'incidents étant à signaler), c'est parce que les Etats-Unis ne veulent pas avouer qu'ils ont totalement perdu la maîtrise des événements qui s'y déroulent. Car ce n'est pas de leur fait que la paix règne à présent en Irak.
C'est l'action de l'Iran qui se trouve à la source de cette pacification.

Il convient de rappeler que les chiites représentent 65% de la population irakienne, et occupent tout le sud, où se trouve l'essentiel des ressources pétrolières, le reste de la population se trouvant en zone kurde avec le reste du pétrole du pays, ainsi qu'en zone sunnite, pratiquement dépourvue de pétrole.

La population chiites a été opprimée et persécutée par les sunnites pendant la durée de la dictature de Saddam Hussein. Une bonne partie de son élite, ainsi que les familles qui en avaient les moyens, ont émigré à cette époque en Iran, où les mollahs chiites les ont recueillis.

Une remarque : les chiites et sunnites irakiens sont des musulmans arabes, alors que les chiites iraniens sont des musulmans persans.
On remarquera à propos des populations de l'Irak et de l'Iran, que c'est la religion qui les rapproches ou les divise, et non les ethnies auxquelles elles appartiennent.
Bien qu'arabes l'une et l'autre, les factions chiites et sunnites de l'Irak sont profondément divisées, alors que les chiites arabes et les chiites persans s'entendent relativement bien entre eux.

En Iran les chiites représentent 89% de la population, et les sunnites moins de 10%.Les chiites sont donc largement dominants, comme d'ailleurs en Irak, où les proportions sont de 64% pour les chiites et 36% pour les sunnites, mais ces derniers se partagent sensiblement à égalité entre les arabes (et anciens partisans de Saddam Hussein) et les kurdes. Or ceux-ci sont pratiquement autonomes depuis l'invasion, alliés des chiites à l'assemblée nationale, et c'est l'un des leurs qui est actuellement le président du pays, jalal Talabani.

A partir de l'invasion américaine, les choses changèrent du tout au tout, mais pas dans le sens que l'auraient désiré les conquérants.La première décision de USA fut de dissoudre l'armée irakienne, qui avait maintenu jusqu'à là l'ordre dans le pays, sous la dictature (sunnites) de Saddam Hussein, en dépit des dissensions sanglantes régnant entre les trois groupes qui l'habitent, sunnites arabes, sunnites kurdes, et chiites arabes.
Les envahisseurs assassinèrent ensuite le dictateur sunnite.

Par leur ignorance de ce qu'était l'Irak,les Etats-Unis avaient libéré d'un seul trait de plume la communauté chiite irakienne de leurs deux ennemis historiques.

Après une forte résistance de l'imam chiite Sadr et de son armée du Mahdi toute résistance des chiites s'arrëta sous l'influence des iraniens, qui en calmèrent énergiquement le jeu par l'intermédiaire des chiites irakiens exilés en Iran pendant la dictature de Saddam, et revenus dans leur pays après l'invasion étrangère.
Ils agirent de manière totalement discrète, sans jamais se prévaloir de leur influence, et sans que les Etats-Unis ne se rendent compte qu'ils agissaient par dessus leurs têtes

Bien que les Etats-Unis se soient plaint à de multiples reprises de l'irruption des iraniens dans le pays, sans toutefois en découvrir la raison ni les missions, ils ne comprirent pas que leur action avait eu pour résultat, non seulement de ramener l'ordre là où les envahisseurs avaient crée le chaos, mais aussi d'établir sur la population du pays un ascendant très important qui allait les amener à prendre progressivement possession de la totalité du pays, à la barbe des troupes d'occupation, notamment dans le sud, où ils gèrent actuellement à leur profit, et en toute liberté, l'économie du pétrole de la zone de Basra (Bassora).

Rappelons actuellement l'Assemblée nationale est en majorité chiite, que le premier ministre, Nouri al Maliki,
est un chiite favorable à l'Iran, et que les trois quarts des ministres le sont aussi;

(Ce qui permit aux iraniens d'être aussi discrets fut la tentation des militaires de s'attribuer tout le mérite d'avoir réussi la pacification du pays. (Mais ce vilain défaut faisait parfaitement l'affaire des iraniens).

L'explication du report de l'action des Etats-Unis en Afhganistan se trouve là, dans le prise de pouvoir souterraine de l'Irak chiite par l'Iran

L'agression contre l'Afghanistan avait été montée de toutes pièces à travers la destruction des tours du WTC, pour justifier leur irruption en Asie en plein milieu de l'articulation du monde chinois et du monde russe, juste en dessous des cinq anciennes possessions musulmanes de l'U.R.S.S encore sous forte influence russe.

D'ailleurs la première chose que le gouvernement des Etats-Unis fit, avant même d'entreprendre leur voyage vers le Moyen-Orient, fut de demander à ces cinq pays d'accepter la construction de bases militaires des E-U sur leurs territoires pour les aider,
ce qu'ils consentirent sous le coup de l'émotion à l'époque, alors qu'il aurait été tellement plus normal pour les E-U d'établir directement ces bases en Afghanistan, ou plus simplement les obtenir du Pakistan encore plus proche de Kaboul et accessible par la mer.

Depuis, la Russie a poussé ces cinq pays à exiger la fermeture de quelques-unes de ces bases. Mais les E-U ont beaucoup renâclé avant d'en évacuer certaines, mais pas toutes. Dans certains cas ces pays ont accepté d'accueillir les bases russes pour rétablir l'équilibre des forces.
 
(Cette tentative des Etats-Unis n'était évidemment pas innocente)

Il suffit de regarder une carte de l'Asie pour comprendre immédiatement l'idée géopolitique de "l'Empire E-U" qui pensait pouvoir s'offrir un siècle hégémonique supplémentaire. Ils ont les yeux pour voir, et leurs naïfs alliés occidentaux les suivent aveuglément avec des manières de colonisés.
Ils ont très bien vu l'arrivée de Deng Xiao Ping à la tête de la Chine, celle de Poutine au Kremelin, et plus récemment de Lula à Brasilla et de Chavez à Caracas, en bordure du golfe du Mexique.
Ils ont donc parfaitement compris que ces mouvements géopolitiques ressemblent de plus en plus à un siège, qui se resserrait progressivement autour d'eux.

L'Amérique a donc cherché à desserrer cet encerclement progressif par des actions de domination, selon leur habitude historique.

Leur tentative de dominer économiquement la Chine a échoué,.ils ont bien laissé leurs usines sur le continent asiatique, mais en ont rapidement perdu la maîtrise, car les chinois les ont vu venir. Malgré leurs autres initiatives, sous couvert de démocratie et de droits humains, ils n'ont pu empêcher le Tibet et Taïwan se rester dans le giron de la Chine.
 
Enfin, en août 2008, la Russie a bloqué l'offensive géorgienne contre l'Ossétie du Sud dans le Caucase, plus ou moins tentée avec l'assentiment de Washington pour tester Poutine, premier ministre de Russie, à ce moment précis en train d'assister aux jeux olympiques. Les Etats-Unis ont rapidement été fixés sur le respect que leur portaient les Russes.

Le stratégiste faucon par excellence, Zbigniew Brzezinski, confondateur de la Commission trilatérale avec David Rockfeller a écrit dans son livre "Le grand échiquier", paru en 1997 :
"Pour les Etats-Unis, le grand prix politique est l'Eurasie. Depuis un demi-millénaire, les affaires mondiales ont été dominées par les pouvoir eurasiens et les peuples qui se sont battus entre eux pour la domination régionale et ont aspiré au pouvoir mondial."
Il ajoute :
"La façon dont les Etats-Unis s'y prennent avec l'Eurasie est critique. L'Eurasie constitue le plus grand continent du globe et représente un axe géopolitique. Un pouvoir dominant l'Eurasie contrôlerait deux des trois régions du monde les plus avancées et les plus productives sur le plan économique. Un simple coup d'oeil sur la carte suggère également que la domination de l'Eurasie impliquerait presque systématiquement le subordiantion de l'Afrique"
Il poursuit l'élaboration d'une stratégie pour "l'empire E-U" en affirmant :
"il est impératif qu'aucun opposant eurasien n'émerge, et soit capable de dominer l'Eurasie et, par conséquent, de défier les Etats-Unis.
L'objectif de ce livre est donc de formuler une géostratégie eurasienne approfondie et intégrée.
Il explique :
"Deux étapes fondamentales sont doncc requises: premièrement, identifier les Etats eurasiens dynamiques sur le plan géostratégique ayant le pouvoir de déchiffrer un changement potentiellement important dans la distribution internationale du pouvoir et de déchiffrer les principaux objectifs extérieurs de leurs élites politiques respectives et les conséquences probables de ces aspirations; deuxièmement, formuler des politiques spécifiquement états-uniennes pour compenser, coopter et/ou contrôler ce qui précède"
(L'Iran serait un exemple)
Il est l'un des plus grands producteurs de pétrole du monde et détient une position stratégique significative dans l'axe de l'Europe, de l'Asie et du Moyen-Orient. L'Iran pourrait détenir la capcité de modifier l'équilibre des puissances en Eurasie s'il s'alliait étroitement à la Russie ou à la Chine, ou les deux, en leur offrant un important approvisionnement en pétrole de même qu'une sphère d'influence dans le Golfe, rivalisant ainsi l'hégémonie états-unienne dans la région.

Leur restent malgré tout aujourd'hui les européens. Ils sont en train de s'unir, de peine de de misère, et, né il y a moins de dix ans, l'euro leur tient la dragée haute, quelquefois même trop à leur goût.

Débordés par une crise mondiale qu'ils ont provoquée par maladresse, et à laquelle ils n'ont su répondre que par une hausse "artificielle" de leurs bourses, au milieu d'un endettement insoutenable, les Etats-Unis cherchent désespérément une issue.

S'ils vont sans doute terminer 2009 avec des indices encourageants, la pérennité de ceux-ci n'est pas assurés, et beaucoup de gens sont sceptiques quant à la poursuite de ce qu'ils présentent comme une sortie de crise.
Il est vrai qu'il leur fallait bien enrober le suppositoire que constitue l'envoi d'une nouvelle armada en Afghanistan, d'un peu de nourritures terrestres.

Contrains d'abandonner l'Irak, Obama et ses militaires ont finalement jeté leur dévolu sur l'Afghanistan, où leur armée est enlisée en compagnie des supplétifs fournis par leurs adorateurs de l'OTAN, ruine sans avenir de l'époque stalinienne.

IL tente à présent de poursuivre l'idée de la génération Bush, c'est-à-dire essayer de reprendre les rênes de l'Occident autour d'un projet déjà largement dépassé.
Mais surtout, il croit encore possible de s'infiltrer entre la Russie et la Chine, soudées dans l'OCS
(l'Organisation de Coopération de Shanghai).
Une véritable fuite en avant ! elle fait penser à Napoléon devant Moscou en flamme.
La Bérézina n'est plus très loin !
Il a cependant trouvé une argumentation imparable pour soutenir sa stratégie. A de jeunes officiers de West Point, qui n'apprennent plus ni l'histoire ni la géographie, il a dit, en levant très haut le menton selon son habitude
"Si je ne pensais pas que la sécurité des Etats-Unis et des américains était en jeu en Afghanistan, j'ordonnerais avec plaisir le retour de chacun de nos soldats dè demain"

C'est incroyable ! Ainsi, le sort des Etats-Unis se trouverait entre les mains les Talibans,
et nous ne le savions pas !
Obama a de la buée dans les yeux !
(et le prix Nobel de LA PAIX..!)





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