La réflexion sur l'avenir n'a de sens que si elle permet de réfléchir sur le présent et les tendances qui la façonnent
(franck Biancheri)
scénario élaboré par Franck Biancheri pour Europe/2020 en novembre 1998.
Pourquoi 2009 ?
Les analyses prospectives sur la période 1998-2020 conduites dans le cadre du projet Europe 2020 indiquent que la période 2006-2010 constituera un nouveau
"noeud" historique pour l'UE, comme l'est actuellement la prériode 1998-2002.
2009 est choisie comme date pivot du fait de l'élection européenne et du renouvellement de Commission prévus de longue date. Selon les chemins pris par l'UE à cette
date, des scénarios totalement divergents seront établis pour la période allant à 2020.
Cette période concentrera une série de décisions et réalisations qui s'amorcent actuellement :
- élargissement de l'UE aux nouveaux membres d'Europe de l'Est
- impact politique complet de la première vague des conséquences de l'introduction de l'EURO
- évolution générationnelle (sortie progressive des 68 de la vie active :
60 ans, arrivée de la génération "92" : 35/45 ans) disparition des générations ayant connu la 2ème guerre mondiale, vieillissement accéléré de la
population de l'UE.
Le scénario ci-après est fondé sur 3 hypothèses, une constante historique et 1 variable. Ces derniers sont explicités après le scénario ci-dessous :
Scénario "Comment en 2009, l'UE pourrait tomber dans les mains des arrière petits-fils d'Hitler, Franco, Mussolini et Pétain ?
- En juin 2009, les partis anti-démocratiques et xénophobes atteindront des scores de 20% à 30% minimum dans 7 Etats-membres sur 15
- Ils constituent ainsi le plus important groupe parlementaire du Parlement européen, via les scènes politiques nationales, ils exerceront une influence très forte
sur les agendas politiques des Etats-membres.
- leurs thèses se reflèteront très amplifiées dans un Conseil européen où près de la moitié des Etats devront prendre en compte près d'un tiers de leurs électeurs
partageant ces opinions. Ces attitudes seront renforcées par les graves turbulences économiques, politiques et sociales ayant affectées le tissu économique, social et culturel de l'UE suite à
l'introduction de l'EURO.
- L'absence de réformes radicales du système politique et administratif communautaire, en particulier de sa machinerie administrative ont conduite à une
bureaucratisation croissante de l'UE dont les décisions restent essentiellement dans les mains d'une dizaine de milliers de personnes. Le système est fermé sur lui-même et fait face à des
difficultés croissantes pour maintenir la pérennité du projet communautaire face à une conjonction d'oppositions de toutes natures.
- Les élections de 2009 voient donc s'affronter sur l'ensemble de l'Union des forces exigeant une refonte complète du système communautaire incluant une suppression
des privilèges dont bénéficient les institutions communautaires. Les démocrates, les libéraux, les socialistes, les nationalistes se retrouvent pour attaquer le système en place.
- L'appareil administratif communautaire, reprenant un cheminement classique dans l'histoire européenne, choisit alors de préserver coûte que coûte le projet
communautaire dont il estime être le seul dépositaire, tout en protégeant ses privilèges et son influence.
- Il décide donc de s'orienter vers une stratégie de partenariat avec les forces anti-démocratiques et xénophobes et signe le pacte avec le Diable.
- juillet 2009 : les arrière petits-fils d'Hitler, Mussolini et Pétain prennent le contrôle de l'UE avec la complicité de l'appareil bureaucratique de l'UE
Europe 2020 a testé ce scénario auprès de plus de 100 responsables communautaires. 90% d'entre eux ont déclaré n'avoir jamais pensé à un tel scénario, mais
reconnaissent que si le système administratif et politique communautaire restait sans grand changement jusqu'en 2009, cette option représenterait en effet un risque majeur.
2 hypothèses, 1 constante et 1 variable
- hypothèse N°1 : en 2009, les partis anti-démocratiques et xénophobes feront des scores compris entre 20% et 30% dans au moins 7 Etats-membres. La montée en
puissance des partis anti-démocratiques et xénophobes est une tendance lourde (amorcée en France à l'occasion de l'élection européenne de 2004). Depuis 15 ans, on peut corréler la montée de ces
extrêmes avec le franchissement de nouvelles étapes d'intégration communautaire. Ces partis utilisent systématiquement les élections européennes, ventre-mou de la démocratie en Europe, pour
renforcer leur influence politique. Le vieillissement de la population et la récurrence des problématiques migratoires alimenteront naturellement un discours sécuritaire et de replis sur
soi.
- hypothèse N°2 : le système administratif/politique communautaire ne change pas radicalement. La machinerie administrative/politique communautaire, comme le cercle
des 10 000 (maximum) personnes qui font l'UE aujourd'hui reste essentiellement stable. Il affronte la nouvelle période post-Euro sans avoir réalisé une profonde réforme d'ici 2002. Il ne s'agit
pas seulement de réformes politiques (poids de vote..) qui peuvent attendre un peu puisque l'élargissement est repoussé à plus tard; Mais surtout des réformes de l'appareil administratif.
Les défauts actuels du système perdurent. La complexité s'accroît, et face aux turbulences post-Euro, et aux critiques croissantes, le système se durcit dans
l'espoir que cette période passera. Afin d'essayer de maintenir le cap communautaire à tout prix, il se bureaucratise.
- une constante : les forces anti-démocratiques et xénophobes de l'Europe ont toujours été attirée par le rêve d'unité européenne. La mystique de la Rome
impériale.
Un rappel s'impose en effet.
Contrairement à ce que l'apparence laisse à croire, les partis anti-démocratiques et xénophobes ne sont pas nécessairement anti-européens, voire même peuvent être
très pro-européens.En effet, de l'inquisition à Hitler en passant par Napoléon ou Staline, les forces qui ont tenté d'unifier l'Europe n'ont jamais mis la démocratie au coeur de leurs valeurs.
C'était même souvent l'inverse. Il est donc légitime de constater que :
d'une part, dans l'Histoire, le rêve d'unité" européenne a généralement été conjugué avec des valeurs opposées à celles qui fondent l'actuelle Union
Européenne
d'autre part que les mouvements anti-démocratiques et xénophobes, souvent démagogiques et opportunistes, peuvent très facilement se regrouper pour la défense et la
promotion d'une Europe unie : une Europe raciale, religieuse, fermée et anti-démocratique (à l'opposée de celles des signataires du Traité de Rome).
- une variable : l'évolution des relations transcontinentales. Dan ce scénario, cette variable sera considérée comme neutre; En réalité, elle peut accroître
ou diminuer fortement les risques de crise majeure dans l'UE à l'horizon 2009. Si les relations entre les organisations continentales émergentes (UE, ALENA, MERCOSUR, ASEAN, ..) se durcissent
sous l'effet de crises économiques ou de tensions culturelles, alors le présent scénario verra ses probabilités de réalisation s'accroître. En revanche la lise en place d'une nouvelle
organisation planétaire appuyée sur des ensembles continentaux engagés dans de vastes collaborations diminuera considérablement les probabilités de ce scénario.
Franck Biancheri
président de Newropeans,
dernière mise à jour : (21/03/2011)
à noter le précédent article a été écrit et publié le 01/05/2008.
il s'agit donc d'un rappel s'avérant très actuel !