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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 15:33

Le choc de 2008 a certes été violent, mais la réaction du système, des pays et des banques centrales, par leurs plans de sauvetage d'une ampleur sans précédent a réussi à en camoufler les pires conséquences : déclassement de l'Occident en général et des Etats-Unis en particulier.

Il faut y ajouter :l' assainissement forcée de l'économie, une lourde chute d'un niveau de vie artificiel, le chômage de masse et l'amorce de mouvements sociaux...qui ont pu être négligés en partie au profit d'espoirs de reprise entretenus par les politiques irresponsables de déversement de liquidités sur les systèmes bancaires et boursiers.

 

Malheureusement, pendant que la planète se dopait, les problèmes globaux n'étaient pas abordés...cinq ans de perdus, de sorte que la solidité de l'édifice est encore plus faible qu'avant la crise. La "solution" US orchestrée par la FED, que tout le monde a laissé faire pour prendre le temps de panser ses propres plaies, a consisté à éteindre  avec de l'essence l'incendie qu'ils avaient  eux-mêmes allumé.

 

Rien d'étonnant alors que ce soit encore eux, pilier du monde d'avant refusant de rentrer dans le rang, avec leurs fidèles flotteurs japonais et britannique, qui enflamment à nouveau la situation mondiale. Et cette fois, il ne faudra pas compter sur les pays en faillite pour sauver la situation : ils sont à genoux suite au premier choc de 2008.

 

C'est donc pratiquement une seconde crise mondiale qui s'annonce, provoquée une nouvelle fois par les Etats-Unis. Cette période de cinq ans n'aura finalement consisté qu'à reculer pour sauter de beaucoup plus haut, c'est à dire "la crise au carré" !

 

Les illusions qui aveuglaient encore les derniers optimistes sont en train de se dissiper. La situation est de plus en plus inquiétante pour l'économie mondiale. L'économie chinoise confirme son ralentissement ainsi que l'Australie, les monnaies des pays émergents dévissent, les taux des obligations remontent, les salaires britanniques continuent de baisser, des émeutes touches la Turquie et même la tranquille Suède, la zone euro est toujours en récession, les nouvelles qui parviennent à filtrer des Etats-Unis ne sont pas plus réjouissantes.

 

La fébrilité est maintenant palpable sur tous les marchés financiers où la question n'est plus de savoir quel va être le prochain record mais de réussir à se dégager assez tôt avant la débandade. Le Nikkei a baissé de plus de 20% en trois semaines et a connu sur cette période 3 séances de pertes supérieures à 5%. La contagion atteint les indicateurs standard comme les bourses, les taux d'intérêt, le taux de change des monnaies..;derniers bastions encore contrôlés par les banques centrales, et donc jusqu'à présent totalement faussés.

 

Au Japon, cette situation est la conséquence du programme, délirant par son ampleur, d'assouplissement quantitatif entrepris par la banque centrale (qui n'a jamais réussi depuis 15ans). La baisse du yen a provoqué une forte inflation sur les produits importés (notamment le pétrole). Les énormes mouvements de la bourse et de la monnaie japonaises déstabilisant toute la finance mondiale. Toutefois, ses conséquences sont encore moins marquées que celles des quantitatives easing (QE 1, QE 2) de la FED. C'est principalement le dernier (QE 3) qui est responsable des toutes les bulles actuelles : immobilier aux Etats-Unis, records des bourses, bulle et déstabilisation des émergents, etc

 

C'est aussi à cause de lui que l'économie virtuelle est repartie de plus belle et que l'apurement nécessaire n'a pas eu lieu.Les mêmes méthodes produisant les mêmes effets, une virtualisation accrue de l'économie nous amène à une seconde crise en 5 ans , dont les Etats-Unis sont "responsables". Les banques centrales ne pouvaient tenir indéfiniment l'économie mondiale, elles en perdent actuellement le contrôle.

 

Si les mois d'avril-mai, à grand renfort de matraquage médiatique, ont semblé donner raison à la méthode US-UK-Japon d'assouplissement monétaire contre la méthode eurolandaise d'austérité raisonnée, depuis quelques semaines les chantres tout-finance ont un peu plus de difficulté à clamer victoire. Le FMI,  terrifié par les répercussions mondiales du ralentissement économique européen, ne sait plus quoi inventer pour obliger les européens à continuer à dépenser et à refaire exploser les déficits : même à vide, la boutique-Monde doit continuer de donner l'impression de tourner et l' Europe ne joue pas le jeu.

 

Les effets toxiques des opérations des banques centrales au Japon, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni démolissent la propagande vantant le succès de "l'autre méthode", supposée permettre la reprise japonaise, américaine et britannique.

 

La seconde crise en développement aurait pu être évitée si le monde avait acté le fait que les Etats-Unis, incapables de se réformer eux-mêmes, ne pouvaient mettre en place d'autres méthodes que celles qui avaient conduit à la crise de 2008. Comme les banques "too big to fait" irresponsables, les pays "systémiques" irresponsables auraient dû être mis sous tutelle dès 2008. Les institutions de la gouvernance mondiale se sont révélées inopérantes et impuissantes dans la gestion de la crise.

 

La réforme primordiale porte sur la remise à plat complète du système monétaire international. En 40 ans de déséquilibre commerciaux américains et de variations brutales de son cours, le dollar comme pilier du système monétaire international a été la courroie de transmission de tous les rhumes des Etats-Unis au reste du monde, et ce pilier déstabilisant est maintenant le coeur du problème mondial car les Etats-Unis ne souffrent plus d'un rhume mais de la peste bubonique.

 

Faute d'avoir réformé le système monétaire international en 2009, (les US y étant très hostiles), une seconde crise arrive. Le G20 a lieu en septembre 2013, on vient presque à espérer que le choc intervienne d'ici-là pour forcer un accord à ce sujet, sinon le sommet risque d'arriver trop tôt pour emporter l'adhésion de tous.

(le gouverneur de la banque centrale de Chine a écrit un article remarquable sur le sujet en 2009, il n'a jamais été contredit depuis..!).

extrait de LEAP/2020

http://millesime.over-blog.com

 

 

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