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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 06:42

Depuis près d'un an LEAP/2020 a identifié le second semestre 2011 comme moment décisif dans l'évolution de la crise systémique globale.

Les conditions sont désormais réunies pour que le second semestre soit le théâtre de la fusion de deux tendances qui sous-tendent la crise mondiale, à savoir : la dislocation géopolitique globale d'une part, et la crise économique et financière d'autre part.

 

Le monde connaît depuis plusieurs mois, une succession de chocs géopolitiques, économiques et financiers qui constituent, selon LEAP/2020, les signes avant coureurs d'un événement majeur.

 

Tout espoir de reprise économique mondiale significative et durable s'est évanoui , (le Thelegraph du 05/5/2011 dresse une liste intéressante des 10 raisons qui prouvent que l'économie mondiale est à nouveau en train de plonger),  tandis que l'endettement du pilier occidental, en particulier des Etats-Unis atteint un seuil critique sans équivalent dans l'Histoire moderne.

 

Le catalyseur de cette fusion sera le système monétaire international, ou plutôt le chaos monétaire qui s'est encore aggravé depuis la catastrophe qui a frappé le Japon en mars, et devant l'incapacité des Etats-Unis à faire face à l'exigence de réduction immédiate de ses immenses déficits.

 

La fin du Quantitative Easing 2, facteur de la fusion en préparation représente la fin d'une époque où le dollar US était la devise des Etats-Unis et le problème du reste du monde : à partir de juillet 2011, le dollar US devient la principale menace pesant sur le reste du monde et le problème crucial des Etats-Unis.

( dans son édition du 11/05/2011 le Financial Times, pourtant spécialisé dans les "Unes" sur la fin de l'euro depuis plus de 18 mois, publie en pages intérieures (plus discrètes) un article intitulé :

"le dollar fait face à un danger beaucoup plu grave que l'euro", quant au Wall Street Journal du 23/04/2011 il considère que l'économie US est désormais dans la même situation que celle de la Grèce).

 

L'été 2011 va confirmer que la Réserve fédérale US a perdu son pari : l'économie US n'est en fait jamais sortie de la "dépression" dans laquelle elle est entrée en 2008 malgré les milliers de milliards de dollars injectés.

(La crise de l'immobilier est repartie de plus belle. Les prix sont en train de crever les "planchers" atteints en 2009. Or l'immobilier c'est le plancher sur lequel s'est bâtie toute l'estimation de la valeur actuelle de l'économie).

 

Selon le Thelegraph du 26/04/2011 les quatre principales banques centrales mondiales (FED,BCE,Banque du Japon et Banque d'Angleterre) ont injecté 5 000 milliards de dollars dans l'économie mondiale au cours des années 2008/2010. Cela représente près de 10% du PNB mondial avec le résultat que l'on connaît :

un endettement public gigantesque, un endettement privé qui n'a pas diminué et des économies qui progressent à peine ou sont souvent en récession.

 

La FED va ainsi contempler impuissante l'explosion du coût des déficits publics avec la remontée des taux d'intérêts, la plongée dans une récession économique, l'effondrement du cours des bourses et un comportement erratique du dollars, évoluant en dent de scie au gré des influences de ces différents phénomènes, avant de lâcher brutalement 30% de sa valeur..!

(la fin du QE2 signifie que le marché des Bons du Trésor US n'a en fait plus d'acheteurs puisque la FED achète l'essentiel de Bons émis depuis la fin 2010).

 

Parallèlement, Euroland, BRICS et producteurs de matières premières vont rapidement renforcer leurs coopérations tout en lançant une ultime tentative de sauvetage des institutions internationales issues de Bretton Woods et du monde dominé par le tandem US/UK. Ce sera la dernière puisqu'il est illusoire d'imaginer Barack Obama, (qui n'a montré aucune envergure internationale jusqu'à présent) ,faire preuve d'une stature d'homme d'Etat et donc prendre des risques politiques à un an d'une élection présidentielle.

 

Barrières, protections, embargos à l'exportation, diversification des réserves, frénésie autour des matières premières, inflation en hausse générale...le  monde se prépare à un nouveau choc économique social et géopolitique.

 

La chine vient d'annoncer qu'elle interrompt toutes ses exportations de diesel pour tenter de stopper une hausse des prix du carburant qui a provoqué récemment des séries de grèves des transporteurs routiers. Que les pays asiatiques qui dépendaient de ces exportations chinoises se débrouillent, d'autant que le Japon a agi de même suite à la catastrophes de mars dernier.

 

La Russie cesse également d'exporter certains produits pétroliers pour limiter les pénuries et hausses de prix internes, arrêt des exportations qui s'ajoute à celui des céréales décrété il y a déjà plusieurs mois.

 

Aux Etats-Unis, le moindre événement climatique sortant de l'ordinaire provoque aussitôt des risques de pénurie du fait de l'absence de "matelas" de sécurité du système d'approvisionnement, sauf à mettre à contribution les stocks stratégiques. Pendant ce temps la population réduit ses dépenses alimentaires pour pouvoir remplir le réservoir de ses voitures avec le gallon à plus de 4 dollars.

 

En Europe, la diminution de la couverture sociale et les mesures d'austérité mises en oeuvre au Royaume-Uni, en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande...font exposer le nombre de pauvres.

 

L'union européenne vient de renforcer sont arsenal douanier pour résister aux importations venues d'Asie en particulier. D'une part, elle revoit tout son attirail de mesures de préférence douanière pour éliminer tous les pays émergent, Chine, Inde, Brésil en tête. D'autre part, elle a passé discrètement fin 2010 une mesure facilitant la mise en oeuvre de mesures antidumping et de sauvegarde puisque désormais une majorité simple suffira pour approuver une telle proposition de la Commission alors qu'il fallait auparavant un majorité qualifiée souvent difficile à rassembler.

 

Côté américain, on est dans le surréalisme le plus complet : alors que le pays a atteint des niveaux d'endettement insupportables, les dirigeants de Washington ont fait de cette thématique un enjeu électoraliste, comme l'illustre la question du plafond d'endettement fédéral qui sera atteint dès le 16 mai. Visiblement une partie importante des élites US et financières n'a toujours pas intégré le fait que les Etats-Unis d'aujourd'hui sont vus comme "l'homme malade de la planète"..!

 

Banquiers centraux en folie, leaders mondiaux sans feuille de route, économies en danger, inflation en hausse, devises en perdition, matières premières frénétiques, endettement occidental incontrôlé, chômage au plus haut, sociétés stressées...pas de doute, la fusion explosive de tous ces phénomènes sera bien l'événement marquant du second semestre 2011

 

note:

à court terme toutefois, de l'inculpation de DSK,(que l'on peut pour toutes sortes de raison ne pas supporter), provoque un risque de destabilisation de notre continent, c'est en quelque sorte un acte de guerre économique US/UK contre l'Europe. Les Hedges Funds (ces fonds vautours anglo-saxons) ne vont pas se priver de l'occasion pour redoubler leur spéculation sur les emprunts d'Etat de la Grèce, car le FMI appraît aux yeux des marchés comme la garantie de bonne fin du plan de sauvetage mis en place l'année dernière. L'effacement de DSK va ouvrir la voie au déchainement de la spéculation.

 


 


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