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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 05:11

L'usine d'Aulnay-sous-Bois...

Après la publication du rapport "Sartorius" sur la situation financière de Peugeot, on se demande s'il n'y aurait pas comme un oubli..!

 

On a beau commencer à être habitué, çà fait toujours quand même bizarre, ces situations où en lisant la presse, en écoutant la radio, on se demande si on est en train de rêver ou si quelqu'un quelque part nous prendrait pas pour des andouilles.

 

1- Une restructuration depuis longtemps annoncée

Le 12 juillet dernier, le groupe Peugeot confirmait le plan de restructuration tant redouté depuis des mois, qui allait aboutir à la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (93). La restructuration, particulièrement catastrophique (8000 suppressions d'emploi, sans compter les conséquences, encore inconnues, sur les sous-traitants), étaient expliquée par la baisse du marché européen, où le groupe prévoyait une baisse de 10% de ses ventes.

 

2- Où l'on apprend que les iraniens roulent en Peugeot

Parmi toutes les réactions atterrées que cette annonce avait suscitées, l'une d'elle détonait : le délégué syndical CGT de la boite pointait comme principal responsablee des difficultés l' abandon par Peugeot du marché iranien depuis février 2012.

Marché sur lequel Peugeot avait écoulé pas moins de 455 000 véhicules en 2011, en partenariat avec un construteur local nommé Khodro.


Pourquoi diable le groupe Peugeot avait-il décidé d'abandonner ce marché considérable?


La réponse de la direction était confuse, invoquant un problème de financement lié à des sanctions financières européennes prises contre l' Iran qui généraient les paiements interbancaires. Elle minimisait par ailleurs l'impact de l'abandon du marché iranien, évaluant la manque à gagner à 640 à 850 millions d'euros. Autant dire trois fois rien.

 

3- Où l'on apprend qu'Obama est actionnaire de Peugeot

L'agument du problème bancaire était ridicule, d'autres firmes faisant sans problèmes des affaires en Iran.

 

La réalité est plus crue. En février 2012,

PSA avait noué une alliance avec Général Motors, firme états-unienne détenue à 60% par l' Etat fédéral (oui, oui, une entreprise publique aux USA : c'est ce qu'on appelle la socialisation des pertes en période de crise), qui est entrée dans le capital de PSA à hauteur de 7%.

 

Or l'actionnaire principal du nouvel ami de Peugeot ( les USA, donc) est bien connu pour chercher des noises à l'Iran. L'Iran, ennemi de l'impérialisme et d' Israël, qui accueille le sommet des pays non alignés, l' Iran allié de la Syrie. C'est donc l'administration Obama qui a demandé à Général Motors d' imposer à PSA de se retirer du marché iranien. Cette décision semble même avoir été une condition préalable à l'entrée de GM dans le capital de Peugeot.

 

Comme quoi une firme capitaliste est capable de sacrifier ses intérêts pour une décision d'ordre purement politique, lorsqu'il le faut vraiment. On aurait pas cru. Ils doivent vraiment pas être sympas, ces iraniens.

 

4- Un rapport du gouvernement nous apprend que Peugeot n'est pas assez mondialisée

Nous voilà arrivé au 11 septembre 2012; date à laquelle le ministère du redressement productif a rendu public le rapport "Sartorius" qui était censé faire la lumière sur la situation économique de Peugeot et vérifier si le plan de restructuration était inévitable.

Surprise la restructuration s'avère inévitable

La presse fustige les "erreurs stratégiques" de Peugeot, coupable d'avoir "manqué d'ambition dans l'internalisation du groupe", bah oui, s'ils avaient délocalisé plus tôt la production à l'étranger, z'auraient pas besoin de supprimer des emplois aujourd'hui ; logique non ?

 

5- Ou l'on cherche vainement le mot Iran dans le rapport

Bon, à part çà, on se frotte les yeux, on cherche dans tous les articles de presse, et on trouve rien à propos de l' Iran. Finalement, c'était important l' Iran ? c'est çà ou c'est pas çà qui a fait couler le groupe? On aimerait bien savoir, mais on nous dit rien.

Alors puisque les journalistes sont des feignasses, on va remonter à la source, on va se taper le rapport "Sartorius". Vu que çà fait 47 pages, il en aura bien consacré une au marché iranien ( 13% des ventes en 2011, à rappeler)?

Eh ben non, on trouve rien.Mais alors, rien.

On cherche le mot "Iran" des fois qu'on l'aurait oublié, et on le trouve UNE fois dans un tableau intitulé "répartition géographique des immatriculations PSA en 2011 (hors Iran)"

Le seul endroit où le rapport mentionne l'existence du marché iranien, c'est pour dire qu'il en fait abstraction, sans expliquer pourquoi !

D'ailleurs, dans un autre tableau (page 7), le rapport mentionne sans aucun problème une répartition des ventes dans le monde dont le total est toujours inférieur à 100%. çà lui pose aucune difficulté, il a juste supprimé une ligne comme d'autres effaceraient des visages sur les photos officielles en d'autres lieux.

 

6- Où on se demande si on ne serait pas pris pour des truffes

C'est donc assez raide à quel point le rapporteur se fiche de notre poire. Même en étant de mauvaise foie, il aurait pu expédier un paragraphe du genre:

"contrairement aux allégations complotistes mal dégrossies, l'abandon du marché iranien et de ses 455 000 véhicules par an n'a eu qu'une incidence dérisoire sur la santé de l'entreprise"

Mais non, même pas, ils ne prennent même plus la peine d'emballer leurs foutaises.

 

Sinon le rapport nous apprend quand même que, toutes filiales confondues (banque, équipementier..) le groupe PSA n'est pas en déficit au 1er semestre 2012, vu que seule la branche automobile l'est (page 4). Mais çà on le saviat déjà.

 

Concernant la branche automobile, les difficultés sont cependant réelles, puisqu'au 1er semestre 2012 le réusltat opérationnel courant est négatif de 662 millions d'euros. C'est beaucoup. Mais en lisant cet article depuis le début on sait que l'impact de l'abandon du marché iranien était censé coûter 640 à 850 millions d'euros, et que c'était beaucoup...d'accord, c'est sur une année, pas sur 6 mois, mais quand même..!

 

Pour finir sur le bonne note, le rapport "Sartorius" trouve que l'alliance de Peugeot avec General Motors est plutôt une bonne idée, mais estime qu'il faut faire gaffe quand même que çà supprime pas encore des emplois à force de trouver des synergies (sur les achats aux sous-traitants, par exemple, qui pourraient désormais tous se faire aux Etats-Unis)

 

Vu la réussite de l'alliance avec GM jusqu'ici, on aurait tort d'être inquiets..!

 

lu sur Agoravox, écrit par lapindebois

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