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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 20:29

Le mois d'octobre 2012 restera dans les livres d'histoire comme la date de la fin de l' Amérique telle qu'on l'a connue au XXème siècle. Le 29 octobre le passage de l'ouragan Sandy à New York, événement "goutte d'eau", 83 ans jour pour jour, après le mardi noir de la crise de 1929, révèle au monde l'état réel de la société américaine et de son symbole New-York.

Le virage est frappant à la lecture des médias du monde entier, titrant le lendemain d'une élection qui avait tout pour réjouir la planète, sur une Amérique "changée", "de tiers monde", "dans l'impasse", "apocalyptique", etc...

Ce miroir américain, c'est Sandy qui l'a définitivement brisé.

 

L'ouragan Sandy est l'événement qui date la dernière étape de la dégradation de l'état de santé des Etats-Unis. Touchant le centre financier du pays, mettant en lumière l'incapacité de la ville la plus puissante du pays le plus puissant à résister à un "petit" ouragan prévu depuis plusieurs jours à l'avance, il marque la fin de l'Amérique telle qu'on l'a connue.

 

Le mur dollar s'est fissuré tout au long des dernières années. Sandy a frappé ce mur de plein fouet, révélant un

"roi nu". La dévastation de la Nouvelle-Orléans en 2005 par l'ouragan Katrina est à comparer à Tchernobyl pour l'URSS de 1986 (surprenant le monde entier par la piètre gestion de la crise et l'état réel de l'économie) et le mur dollar au mur de Berlin.

Deux ans après la chute du mur de Berlin, l'URSS s'effondrait.

Détruit par la crise, le mur dollar n'est plus, et 2013 sera l'année de l'effondrement de l'Amérique du XXème siècle.

 

De Katrina à Sandy en passant par Lehman Brothers, cette succession de chocs a mis la puissance US au sol : la confiance du reste du monde s'est envolée; il faut lire en particulier à ce sujet l'incroyable article du Spiegel, Divided States of América : Notes on the Declin of a Great Nation (05/11/2012), dans un journal "bon teint" comme le Spiegel, cela n'est vraiment pas anodin.

 

Après l'élection présidentielle, les médias ont très clairement fait volte-face, y compris les médias européens habituellement admiratifs des Etats-Unis, et regardant maintenant ce pays avec l'oeil critique de la réalité.

(Les Etats-désunis d'Amérique La Tribune 06/11/2012).

Le constat est unanime, la grande puissance issue de la seconde guerre mondiale n'est plus.

 

Les inscriptions au chômage ont bondit de 22% à peine les élections passées..pour repasser nettement à la hausse le seuil des 400 000. Les stats étaient donc bien sujettes à caution. Les stats vont plonger dans le rouge du fait du fiscal cliff qui s'il se produit induira une récession de 5% en 2013.

(Lorsque l'on attend une récession de cette ampleur et que l'on est chef d'entreprise on fait des licenciements préventifs..) le roi Obama est nu.

 

Dans la foulée de Sandy, la réélection d'Obama a un goût bien amer pour une moitié d'américain et pour le reste du monde, on le voit dans les titrages de la presse : ce qui devrait être une bonne nouvelle car Obama était le candidat naturel du reste du monde, annonce clairement l'absence de changement, ce qui est inévitablement la pire chose au vu de ce que l'on sait sur la situation politico-économique des Etats-Unis. Tous les problèmes non résolus ces 4 dernières années sont à nouveau sur la table; La période de campagne les ayant artificiellement aplanis, Il n'en ressortent maintenant que plus puissants, plus insolubles.

 

Avec la ré-émergence de ces problèmes éludés pendant la campagne électorale, une réélection difficile à avaler pour les républicains, les Etats-Unis risquent de ne pas surmonter les défis qui s'annoncent, de sorte que des émeutes risquent de dégénérer en sécession et guerre civile compte tenu de la quantité d'armes en circulation dans le pays.

 

Il ne faut pas perdre de vue la situation explosive mondiale et notamment géopolitique, qui est elle aussi liée à la perte d'influence américaine. On le voit notamment dans le rôle volontairement secondaire qu'ils ont joué en Lybie, au Mali, en Syrie : à cause des contraintes budgétaires, leur nouvelle stratégie consiste à "déléguer" leurs agendas à leurs partenaires, la France et le Royaume-Uni en Lybie, la Cédéao au Mali, Israël en Syrie...L'absence du leader géopolitique des 80 dernières années rend la situation au Moyen-Orient particulièrement intriquée : tous les intérêts les plus disparates s'y mêlent en une vaste cacophonie.

 

C'est du côté européen ou russo-chinois que les solutions se trouvent en fait mais les européens ne sont toujours pas prêts à se désolidariser de leur ancien allié américain, s'auto-neutralisant de fait ; quant aux russes et aux chinois, ils ne bénéficient pas encore de l'aura idéologique des "bonnes puissances", à savoir celles dont les intérêts se combinent à de vraies valeurs universelles. De ce fait ni la Russie ni la Chine, qui vont sérieusement devoir travailler à ces valeurs sans lesquelles il n'y a pas de vraie puissance, ne sont encore en mesure de remplacer le leader perdu...si ce n'est par la force, ce qui est la pire des solutions pour eux...et pour le monde bien sûr.

 

Autre signe de l'affaiblissement de la puissance américaine, les sanctions sur l'Iran apparaissent impuissantes sauf à répandre parmi les iraniens la haine de l'occident. C'est en outre une épine que les européens se sont mis volontairement dans le pied plutôt que d'acheter le pétrole iranien en euro. En effet, l'Iran écoule maintenant sans problème son pétrole vers la Chine et la Turquie : pourtant membre de l'OTAN, la Turquie le pays en or via Dubaï en toute légalité. Ce système montre à la fois la fragilité de l'alliance occidentale et la facilité des pays à se passer du dollar pour payer le pétrole, principe qui est la clé de voûte de l'hégémonie du dollar et des Etats-Unis dans le monde.

 

Enfin l'influence des Etats-Unis sur l'Europe se fait elle aussi de moins en moins sentir. Si la situation de l'Europe n'est guère reluisante avec un chômage élévé, une augmentation de la pauvreté en Grèce et en Espagne notamment, les médias anglo-saxons n'agitent plus que sporadiquement le spectre de l'explosion de l'euro et de manière de moins en moins virulente, car les problèmes des Etats-Unis - et ceux de l' Angleterre - sont de plus en plus visibles. Les changements dans l'Euroland initiés dans la douleur commencent à porter leurs fruits.

Le découplage avec Wall-Street et la City s'est fait au cours de la "crise de l'euro" et continue actuellement. Dans le cas de la City, c'est le Royaume-Uni qui se met lui-même à l'écart. Ainsi, si l'Euroland sera comme tout le monde chahuté par l'effondrement du système américain, il ne sera pas aspiré par lui.

 

Extrait de LEAP/2020

 

http://millesime.over-blog.com

 


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