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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 13:36

Un article de Pierre Sarton du Jonchay

 

il y a dix huit mois, le 23 mars de l'année dernière, dans un texte intitulé

" Réformer le système monétaire international"

Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque Populaire de Chine,(BPC), établissait  un bilan précis et étayé de la crise mondiale dans sa dimension monétaire. il expliquait que l'actuel système international, fondé sur l'utilisation d'une monnaie nationale, le dollar américain, est inédit dans l'histoire monétaire mondiale.

 

Jusqu'en 1971, le dollar a été admis par les accords de Bretton Woods comme unité de compte et de réserve internationale équivalente à un poids constant d'or à raison de 35 dollars pour une once.

En août 1971, le président Nixon décidait unilatéralement de suspendre la convertibilité du dollar en or à un prix fixe. A partir de cette date, la monnaie a changé de nature, en rupture avec la conception "multi-séculaire" qui avait prévalu jusque là.

 

La Réserve fédérale (FED) des Etats-Unis ne garantit plus la conversion de ses crédits contre une quantité certaine de métal. Le dollar n'est plus alors que lle représentation comptable d'un crédit auprès de la FED, échangeable contre n'importe quel bien ou service réel mais à un prix flottant au gré du marché.

 

Le Gouverneur de la Banque de Chine constate qu'une expérience "multi-séculaire" de la monnaie a enseigné la nécessité d'aligner la circulation de signes monétaires sur l'offre de biens et services disponibles à la vente.

Sans nommer le dollar, Zhou Xiaochuan dénonce la contradiction dans laquelle se retrouve un banquier central qui prétend gérer avec un seul instrument deux équilibres différents, celui de son économie nationale et celui de l'économie mondiale.

 

" Quand les prix internationaux sont fixés avec une monnaie nationale, la même Banque centrale se retrouve responsable de la liquidité des prix internationaux, de la liquidité des prix domestiques et de la liquidité des crédits entre le marché domestique et le marché international".

 

Elle accorde des crédits selon les besoins anticipés de transaction sur son marché domestique. Elle intègre les transactions des opérateurs domestiques avec l'étranger. Mais elle ignore toutes les transactions des opérateurs étrangers réglées avec sa monnaie hors de son propre champ de régulation.

Le banquier central d'une monnaie "de référence", c'est-à-dire utilisée hors de son marché domestique, n'a pas de vision fiable ni du besoin de liquidité des étrangers entre eux ni du crédit réel de son économie nationale face au reste du monde.

(souvenons-nous de ces propos : le dollar c'est notre monnaie, mais c'est votre problème..!)

 

Zhou Xiaochuan dénonçait donc l'année dernière l'absurdité objective du système monétaire international en vigueur.Il conclut logiquement à la nécessité de dissocier l'unité de compte, de règlement et de dette internationale de toute unité de compte nationale.

La Banque centrale responsable de la liquidité internationale des prix et des dettes ne peut en aucun cas être une banque centrale nationale.

La stabilité de la valeur de l'unité de compte international doit dépendre d'un système bancaire spécifique dont la gouvernance doit nécessairement être multinationale.

 

Les institutions fondées par les accords de Bretton Woods, le FMI et la banque Mondiale, répondent en fait à cette exigence et Zhou Xiaochuan  note qu'elles ont été dotées à partit de 1969 d'une nouvelle unité monétaire,

le Droit de Tirage Spécial (DTS), définie comme un panier de plusieurs monnaies. La valeur du DTS est la moyenne pondérée des taux de change des monnaies nationales qui la composent. Elle est déterminée par les politiques monétaires de plusieurs pays. Mais le FMI n'a aucun pouvoir d'émission autonome lui permettant de gérer la liquidité mondiale.

 

Zhou Xiaochuan voit dans le FMI les prémices d'une banque centrale mondiale capable de gérer la liquidité mondiale avec un objectif de stabilité globale des prix en DTS.

Il pose donc la règle d'un jeu financier international gagnant-gagnant ajusté au poids et au rôle réels des économies nationale dans le monde.

 

Constatons qu'un an et demi après la prise de position du Gouverneur de la BPC, aucune analyse économique étayée et argumentée  n'est venue contredire la demande chinoise. Bien au contraire, la politique de relance budgétaire et monétaire menée avec une certaine concertation au sein du G20 a fait long feu.

 

La croissance s'est maintenue dans les pays émergent - dont la Chine - mais s'est éteinte dans les pays développés après un faible redémarrage. La dette publique s'est substituée à la dette privée pour nourrir l'allocation du crédit.

 

La Chine et les autres pays émergent ont accumulé des créances internationales en dollar, euro, yen et franc suisse, alors que l'incertitude s'est accrue sur la valeur réelle de ces monnaies nationales.

 

L'inondation de dollars ne peut plus être déclarée temporaire puisque la croissance ne redémarre pas aux

Etats-Unis et que l'on se prépare à une nouvelle inondation. Les déposants internationaux en dollar cherchent à détenir leurs réserves de change dans d'autres monnaies. Ils poussent le dollar à la dévaluation et les monnaies refuges à la réévaluation.

 

Les banques centrales nationales, submergées par des afflux de capitaux au quête de protection, ont le choix entre laisser leur change se réévaluer, à l'instr de la BCE, et accoître leur émission monétaire comme la FED, et noyer leur économie domestique dans l'inflation et les bulles spéculatives sur les actifs domestiques.

 

La liquidité mondiale est de moins en moins contrôlable. Les masses de capitaux circulantes génèrent des plus-values fictives et des capacités d'endettement hors de toute appréciation réaliste de la rentabilité. Des bulles de plus en plus grosses peuvent se créer n'importe où et provoquer la mise en faillite au choix d'un Etat ou d'une méga-banque.

 

L'épaisseur du plancher sur lequel gouvernements et banques centrales occidentales spéculent et discutent n'a jamais été aussi mince..!

 

Faut-il attendre une catastrophe pour que les propos du Gouverneur de la BPC soient sérieusement étudiés ?

 

La puissance militaire des Etats-Unis permettra peut-être de continuer à imposer un prix forcé du dollar au monde entier mais ne parviendra pas à lui restaurer une valeur qu'il n'a pas.

Aucune argumentation politique où financière ne pourra forcer les banques à prêter au consommateur américain dont le déclin des revenus est irréversible.

 

Zhou Xiaochuan introduit sa démonstration de mars 2009 par l'affirmation capitale de la possibilité de monétiser le crédit pour autant qu'existent des règles explicites et transparentes de calibrage du crédit.

Adhérer à un étalon monétaire international consiste en réalité à tomber d'accord sur des critères fondamentaux universels de solvabilité.

Un étalon monétaire international est un étalon de régulation universelle de la stabilité du prix du crédit.

 

Par un marché organisé à cette fin, l'émission de la liquidité internationale est alignée sur la production réelle de valeur négociée hors des systèmes monétaires nationaux. Offrir par les DTS un outil de garantie des dettes publiques internantionales (bancor) est un argument d'adoption d'un système monétaire régulé que les Etats-Unis et l''Europe ne peuvent pas récuser devant leurs opinions publiques.

 

Le programme du prochain G20 est là : poser les conditions de réalisation d'un étalonnage mondialisé de la valeur économique qui répond à la demande chinoise.

 

 

 

 

 

 

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